Fleurs du foyer, fleur du cloître

Emmanuelle était seule maintenant dans la chapelle où flottait encore un léger parfum d'encens, presque annihilé par celui des roses et des lys qui garnissaient l'autel. La Soeur Marie-Colette, après avoir tout rangé dans le petit choeur où s'était donné tout à l'heure la Bénédiction du Saint Sacrement, venait de disparaître en refermant sur elle la porte de la sacristie. Derrière la grille et le voile noir du choeur des religieuses, la lente psalmodie avait cessé, les pieuses recluses s'étaient retirées. Emmanuelle demeurait seule, le front entre ses mains, oubliant tout dans la ferveur de sa prière. Un rayon de soleil, passant à travers une vitre, se jouait sur son chapeau très simple, sur son corsage de batiste blanche, sur ses doigts fins contre lesquels s'appuyait son front encadré de bandeaux noirs lisses et satinés. Elle releva enfin la tête. Ses yeux bruns - d'un brun doré et chaud - se posèrent longuement sur le tabernacle. Un rayonnement étrange parut s'y réfléchir et se communiquer à toute cette jeune physionomie. La petite bouche délicate s'entrouvrit, murmura quelques mots, tandis que le teint blanc se posait sous l'influence d'une émotion puissante. Pendant quelques instants, Emmanuelle demeura ainsi. Une promesse ardente, passionnée, brûlait, au fond de ses prunelles... Le son d'une cloche agitée à l'extérieur par la Soeur tourière vint subitement la rappeler sur la terre. Elle se leva lentement, fit une profonde génuflexion et sortit de la chapelle. - J'oubliais l'heure, ma Soeur ! dit-elle à la tourière qui lui adressait un petit salut amical. - On n'est jamais mieux que près du bon Dieu, mademoiselle. Un peu du rayonnement qui avait éclairé tout à l'heure le regard d'Emmanuelle y apparut de nouveau. - Oh ! oui ! Mais il ne faut pas, même pour le bonheur que nous goûtons près de Lui, oublier nos devoirs de la terre. Ma cousine va se demander ce que je deviens. - Oh ! Mlle Thècle doit bien se douter que vous avez laissé passer le temps en causant avec Notre-Seigneur ! dit la tourière en souriant. Bonsoir, mademoiselle Emmanuelle ! - Bonsoir, Soeur Françoise. Emmanuelle, ayant franchi la vieille porte, s'engagea à droite dans la petite rue aux.....

Marie, jeune fille rêveuse qui consacra toute sa vie à l'écriture, a été à l'origine d'une oeuvre surabondante dont la publication commence en 1903 avec Dans les ruines. La contribution de Frédéric est moins connue dans l'écriture que dans la gestion habile des contrats d'édition, plusieurs maisons se partageant cet auteur qui connaissait systématiquement le succès. Le rythme de parution, de plusieurs romans par an jusqu'en 1925, et les très bons chiffres de ventes assurèrent à la fratrie des revenus confortables. Ils n'empêchèrent pas les deux auteurs de vivre dans une parfaite discrétion, jusqu'à rester inconnus du grand public et de la critique. L'identité de Delly ne fut en fait révélée qu'à la mort de Marie en 1947, deux ans avant celle de son frère. Ils sont enterrés au cimetière Notre-Dame de Versailles.

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