Les Salons en France et en Angleterre au XVIIIe siècle

"... Ce fut pour Whitehall une époque d'imitation française, ou plutôt de recherche burlesque et de prétentieuse copie de nos m¿urs. La grâce, qui est l'exquis de la convenance, et qui ne se passe jamais de sobriété, échappait à ces rudes imitateurs des Lauzun et des La Feuillade. Quant au peuple, qui se tenait à l'écart, il se renfermait dans sa haine et dans sa Bible. Une anecdote contemporaine m'a toujours profondément frappé ; elle met en regard l'élément factice qui doit disparaître et l'élément vital qui doit régner un jour dans la société anglaise. Charles II en bonne fortune, à son ordinaire, se promenait sur les dunes de Brighton, par une belle matinée d'été, en compagnie de cette jeune et jolie marchande d'oranges, Nelly Gwynn, la seule de ses sultanes qui l'ait sincèrement aimé. Au détour d'un sentier, dans le creux d'un vallon formé par les sables mobiles, était couché un jeune enfant du peuple, berger de quinze ans, bronzé par le soleil, à peine vêtu, et qui lisait attentivement une vieille Bible in-folio ; levant les yeux vers le roi et vers sa suite, il les reporta aussitôt sur le volume et continua de lire..."